La virginité, une question qui dépasse les religions

Tout d’abord, pour éviter toute ambiguïté, entendons-nous sur le sens que nous donnons à ce titre. La virginité dépasse en effet les religions (nous pensons aux trois religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme) dans le temps, puisqu’elle fut une préoccupation majeure bien avant l’apparition des religions citées. Ces dernières l’ont intégrée comme fait humain et social, chacune à sa manière, selon des lois ou des règles conformes à leurs principes respectifs et aux croyances qu’elles véhiculent. Elle dépasse les religions parce que au-delà des justifications religieuses ou spirituelle, elle est d’abord un phénomène humain, « profane », touchant au corps, à la chair, au sang et surtout à ce que les humains ont de plus cher à défendre pour assurer leur bonheur : la sexualité.

Oui, la sexualité, cette activité à la fois animale et humaine, vitale pour nos équilibres et notre santé physique et psychique. La virginité en ce qu’elle a de place centrale dans la mesure où elle touche à un organe vitale : le sexe de la femme, sa « pureté » ou son « impureté », sa disponibilité qui devient presque un « bien négociable » payable au prix le plus cher.

Outre ce qui la caractérise biologiquement (un hymen à l’état intact),on définit la virginité comme « l’état d’une personne qui n’a jamais eu de rapports sexuels ». Un état physique et psychologique, associé principalement à la femme pure et chaste, un gage de bonne conduite, de bonnes mœurs représentant l’innocence de la jeune fille.

Dans la culture chrétienne, à la fin du Moyen-âge, la virginité de la jeune fille était très encadrée, elle n’avait aucune liberté avant le mariage, assurant ainsi le respect de l’honneur familial. À partir du XIXème siècle, les choses commencent à changer, selon les catégories sociales, selon que l’on soit paysans ou bourgeois. Ces derniers font de la virginité féminine, comme on l’a vu plus haut, une plus-value au mariage. Grâce à sa chasteté, la fille à une plus grande valeur, elle attire donc des prétendants de sa catégorie sociale.

Dans les mythes gréco-romains, la virginité pour les déesses grecques et romaines était synonyme de pouvoir et de gloire pour la cité. Leur promesse de virginité assurait leur engagement et leur volonté citoyenne. Les religions monothéistes pérennisent cette symbolique de la virginité : juifs, chrétiens et musulmans accordent à celle-ci une importance capitale, gage de la bonne foi de la jeune fille, de sa bonne éducation et de son honneur.

Dans le judaïsme, la virginité et le sang sont deux symboles étroitement liés. Ainsi, avant que le sang de la défloration devienne le symbole de la chasteté féminine, les menstrues étaient la preuve de la virginité de la fille puisqu’il assurait la non-grossesse de celle-ci. Le père avait pour rôle de montrer au futur époux le sang des dernières menstrues de sa fille pour le rassurer sur la virginité de celle-ci.
Les musulmans aussi accordent au sang une importance capitale, puisque juste après la défloration, un linge portant trace de ce sang »frais » est obligatoirement exhibé devant témoins, preuve que la « marchandise n’était pas avariée » et qu’il provient bien d’un organe vierge, « propre » et qui n’a guère été touché par quelqu’un d’autre avant.

La question de la virginité dans le christianisme ne peut être abordée sans évoquer la Vierge Marie, symbole de la chasteté et de la pureté sexuelle et qui devient LE « marqueur identitaire » du christianisme. Choisie par Dieu, Marie était exonérée de toutes les « souillures sexuelles ». Ainsi, depuis Marie, « la défloration, la fécondation et l’accouchement sont représentés, plus que jamais, comme des souillures ».

Signalons que ce phénomène, antérieur donc aux religions est observable dans pratiquement tout le pourtour méditerranéen. En Italie, en, Sicile et même dans les pays méditerranéens de l’ex bloc de l’Est ; la sacro-sainte virginité est encore de mise. Cause souvent de nombreux drames allant jusqu’au meurtre. Les médias occidentaux sont diserts sur ce genre de drames quand ils surviennent au Moyen-Orient (fréquent en Jordanie), ou au Maghreb, mais moins bavards quand il s’agit de pays européens supposés chrétiens. Précisons aussi que lorsqu’il s’agit des pays que l’on appelait les « Balkans » avant l’effondrement de l’empire soviétique, ces pratiques, sourcilleuses sur la virginité des jeunes filles, on pense qu’elles sont dues à l’arrivée de l’Islam avec les Ottomans. Rien à voir : là encore, les Turcs n’ont fait qu’entériner ce qui existait déjà, et « ratifié » par le christianisme toutes églises confondues, comme cela fut le cas avec l’Islam en Arabie même.

Avant mariage Dans l’islam, bien que la Vierge Marie soit considérée comme un modèle à suivre, (1) la virginité n’est pas sacralisée. Bien au contraire, faire vœu de chasteté dans la religion musulmane est très rare, voire inexistant. Ne pas se marier, ne pas avoir des relations sexuelles, ne pas procréer, est considéré comme une nuisance à l’ordre divin et social (2).

L’importance des plaisirs charnels est invoquée à plusieurs reprises dans le Coran et la tradition prophétique. Pourtant, comme pour la circoncision, la virginité n’est pas évoquée par le Coran. C’est plus tard, avec l’apparition et le développement de la jurisprudence musulmane (charia), qu’elle est intégrée dans le dispositif religieux, avec règles et recommandations.
De ce fait, la virginité, donc pratique antérieure, va occuper une place importante puisqu’il est préférable, sinon obligatoire pour un musulman de se marier avec une femme vierge. Le Coran évoque cependant les « houris », femmes promises du paradis, toutes « éternellement » vierges et destinées à récompenser les hommes de leurs bonnes actions. De là, les Oulémas (théologiens de l’Islam) déduisent que l’homme doit préférer une vierge lorsqu’il se marie.

Il est vrai que le Coran évoque dans plusieurs versets les houris comme récompense suprême pour les heureux Elus promus au Paradis. « « Ils auront des vierges au regard modeste, aux grands yeux noirs et au teint éclatant, semblable à celui d’une perle dans sa coquille », : « Nous créâmes les vierges du Paradis par une création à part » « Nous avons conservé leur virginité » (2). Ces créatures soulèvent encore de nos jours de nombreuses controverses.

Même si la virginité n’est donc pas coranique, elle a quand même été et est toujours sujet à controverses entre spécialistes de la religion du fait de son ancienneté. Elle est entrée dans les mœurs, confortée par une partie de la charia, malgré l’hymne à la vierge Marie qui a droit à une sourate à part entière. Sa pureté et sa chasteté y sont glorifiées et devraient donc servir d’exemple au croyantes.
Mais en aucun cas, le Coran ne stipule que la jeune épouse doit saigner le soir de ses noces.

Il semble important de souligner que la chasteté est tout de même de mise dans la religion musulmane, tant pour les femmes que pour les hommes. À aucun moment, le Coran ne distingue les genres quant à la préservation sexuelle.

La virginité en milieux traditionnels

Pour Malek Chebel la virginité « constitue la pierre angulaire de l’éducation féminine dans le milieu traditionnel maghrébin », elle représente « le capital prépondérant que la jeune fille préserverait avec force ». Aussi, les jeunes filles d’origine maghrébine sont éduquées dans un contexte très traditionnel qui met la sexualité, et de surcroît la virginité au premier plan.
Au Maghreb, il est même affirmé, selon les croyances locales, qu’une femme qui meurt vierge ira directement au Paradis. Puisqu’elle meurt pure et chaste. En Kabylie, la virginité est est en fait devenue une règle quasi incontournable, au même titre que la dot ou l’appartenance familiale. Souvent, les familles du futur époux exigent de la fille un certificat de virginité délivré par les gynécologues ou les hôpitaux. Ainsi, les jeunes filles vivent dans l’angoisse de perdre leur virginité avant le mariage. Elles prennent soin de se laver correctement, on leur conseille de ne pas faire de gestes trop brusques qui risqueraient de déchirer le précieux l’hymen et de toujours protéger en permanence leurs parties intimes comme si leur vie en dépendait. Et, parfois, leur vie en dépend.

Pour les unes, la ceinture de chasteté, pour les autres le cadenas miraculeux

En France, le mot virginité, lié à celui de pureté et d’abstinence sexuelle – chasteté – fait penser évidemment à l’idée de ceinture de chasteté. Une grande majorité de nos concitoyens y croient comme fer. Bien sûr, au Moyen-âge, on mettait une ceinture de chasteté aux jeunes filles non encore mariées pour les empêcher d’aller forniquer à gauche et à droite ! Et bien, il paraît que c’est faux. Que c’est une légende !
À l’origine, d’après les légendes, elles étaient utilisées partir du xiie siècle par quelques maris riches et jaloux craignant l’infidélité de leurs épouses puisque souvent, ils épousaient des femmes beaucoup plus jeunes qu’eux.
Mais en réalité, les chercheurs doutent de l’existence de telles ceintures. D’après de nombreuses recherches sérieuses, les ceintures de chasteté, faites en métal et utilisées pour garantir la fidélité féminine n’ont en réalité jamais existé.
Les exemplaires parfois présentés dans des musées ou que l’on peut voir dans certains magazines ou livres d’histoire ne sont que des objets fantaisistes qui se réfèrent à un passé imaginaire, fabriqués au xviiie ou au xixe siècle comme objets de curiosité ou de plaisanterie.
Ce qui n’empêche pas l’existence d’»une ceinture de chasteté » virtuelle, toute aussi blindée à coups de morale, de sermons et même de menaces au sein de la chrétienté, probablement plus efficace qu’une barrière métallique.

Au Maghreb et plus précisément en Kabylie, il existe un rituel qui s’apparente à la pratique -donc fictive – de la ceinture de chasteté, mais qui lui, est ou était bien réel. On pense qu’il a disparu définitivement même dans les zones rurales les plus « arriérées ». Ce rituel est communément appelé « s’fa h » ou « m’sa fah » par les femmes kabyles. Procédé qui permet à la femmes, selon les croyances régionales, de ne pas être pénétrée par aucun homme, quelle que soit sa vigueur sexuelle, même si elle consentante. Il s’agit en fait d’un rituel magique. La mère, ou une personne de sexe féminin proche de la jeune fille, doit acheter un cadenas simple en prenant garde que la concernée ne le voit pas sinon le rituel ne fonctionne pas. La femme ferme le cadenas sept fois au niveau des parties intimes et l’ouvre sept fois au niveau de la tête, de l’esprit. Cette étape permet de « fermer » les parties intimes et « d’ouvrir » la conscience. Le cadenas doit être fermé avec la clé et caché jusqu’au jour du mariage de la jeune fille. Ce jour-là, elle a le droit de regarder le cadenas, et le soir des noces, le rituel est répété dans le sens inverse.

Ce verrou, ce « cadenassage » symbolique serait aussi efficace contre les « djinns », coupables aussi de faire perdre aux jeunes filles leur virginité. Évoqués par le Coran, mal définis par les Oulémas eux-mêmes, on les confond souvent avec les « shayâtîn » (pluriel de shaytân, Satan) ou les Ifrîts , autres créatures malfaisantes.

Ce sont des êtres qui habitent les endroits déserts, les points d’eau (surtout les eaux stagnantes « myâh muta’ffina »), les cimetières et les forêts. Pour se manifester, ils peuvent prendre diverses formes dont celles des hommes ou des animaux (couramment les serpents Certains de ces esprits étaient, selon la légende pré-islamique, les muses des poètes. Comme les hommes, ils sont organisés en royaume, états, tribus, peuples… ils suivent des lois et des religions. Dans les ouvrages d’interprétation du Coran, il y a -concernant ces créatures – une distinction à faire entre « grands péchés » et « petits péchés ». La liste des grands péchés regroupe par exemple la fornication, l’association divine, le vol, le mensonge ou encore la sorcellerie. Ils sont soupçonnés de pouvoir dérober leur virginité aux jeunes filles sans acte de pénétration ! Et c’est la raison pour laquelle on leur conseille de ne jamais fréquenter ou s’approcher des endroits désignés afin de les éviter.

La défloraison ou « le drapeau Japonais »

Le moment fatidique. La défloraison. Le moment ne doit pas s’éterniser. Le but n’est pas la découverte, le plaisir et encore moins la jouissance. Mais de prouver, montrer que « la marchandise n’était pas avariée ». Le jeune homme marié sort de la pièce nuptiale, fier comme le célèbre personnage arabe Antara, guerrier redoutable, craint comme le lion et grand amoureux de la non moins célèbre Abla. Le drap blanc maculé de sang est triomphalement exhibé au public

Le fait est que bon nombre de personnes attendent le verdict : les femmes tout autant que les hommes. C’est que le héros du jour doit prouver trois choses en même temps :
– qu’il « en a « et suffisamment pour briser la muraille
– que la « marchandise » n’est pas avariée et encore moins falsifiée
– que donc le mariage est définitivement consommé et l’épouse sûre d’être admise par le clan.
Le drap blanc maculé de sang est triomphalement exhibé au public.
Certains, sans doute par dérision l’appellent le « drapeau Japonais » !
Une rafale de coups de feu retentit immédiatement, accompagnée des fameux you-you des femmes pour montrer leur joie et leur fierté. Si tant de bruit est fait, c’est surtout pour informer tout le voisinage que la mariée est bien vierge et ainsi, éviter la médisance.

En France, une sexualité détournée

En France, forcément, les choses se présentent de manière un peu plus compliquée. Les jeunes filles tentent de respecter, tant bien que mal, cet interdit traditionnel et religieux. Une grande partie des jeunes filles voient cette préservation comme une contrainte de taille, mais elles veulent aussi respecter la culture de leurs parents, leur faire honneur. Les arguments qu’elles avancent pour expliquer leur adhésion au modèle prescrit sont d’ordres romantiques, religieux ou communautaires, les trois pouvant être complémentaires. Non seulement elles souhaitent perpétuer cette tradition mais elles espèrent que leurs propres filles s’y conformeront à leur tour. Mais la majorité des sociologues, ou des chercheurs qui traitent de ces questions avancent que ces jeunes filles vivent cette préservation comme un poids imposé par les parents, les frères, les traditions.
Une troisième catégorie de jeunes filles intrigue et attire l’attention des chercheurs. Cette catégorie suscite un grand nombre de questionnements et d’incompréhension. Elle soulève la colère des individus de culture arabo-islamique, des chercheurs (et particulièrement les féministes) et des prêcheurs musulmans. Tantôt qualifiées d’hypocrites, tantôt de schizophrènes (dans les ouvrages sociologiques, les forums internet, ou les prêches), ces jeunes filles ne laissent pas indifférents.
Ces femmes vont trouver des moyens ingénieux de contourner les interdits : une sexualité active mais non vaginale, la perte de l’hymen pouvant être réparée par « hymenoplastie », des « capsules de virginité » (pilule conçue pour simuler la virginité en créant un hymen artificiel).

Elles ne manquent pas de ruses et d’imagination pour détourner les interdits. Les jeunes filles appartenant à cette troisième catégorie ne considèrent pas qu’elles aient des « relations sexuelles » au premier sens du terme, parce qu’il n’y a pas eu pénétration alors que les spécialistes considèrent comme rapport sexuel toute pratique génitale (même non pénétrative).

Conclusion à propos de la questionneuse complexe de la virginité

D’après Malek Chebel, la virginité constitue la pierre angulaire de l’éducation féminine dans le milieu traditionnel maghrébin et elle est la condition de l’union maritale de
deux êtres. La nécessité pour une femme d’être vierge, la nuit de ses noces, se passe de toute rhétorique, car elle relève de la normalité et du sacré, même si, comme on l’a vu elle n’est guère évoquée comme tel par le Coran. Mais de plus en plus d’hommes au Maghreb se dressent contre ces traditions qu’ils jugent ancestrales et à l’encontre de la pudeur religieuse. Exposer la virginité de la jeune fille aux yeux de tous est une pratique qui tend à disparaître, même en Algérie. Seule la famille nucléaire a un droit de regard sur la fameuse nuisette ou le drap tâché de sang. Si la mère et la belle-mère sont encore en droit de s’immiscer dans la chambre de la jeune mariée, c’est surtout pour éviter la médisance des femmes du village. Il faut tout de même qu’une ou deux personnes puissent voir la preuve de son sérieux, sans l’exposer pour autant. Certaines refusent de le montrer, mais ce n’est pas sans conséquence, puisqu’elles subiront les offenses de leur belle famille un long moment voire toute leur vie. Ainsi pour se protéger et vivre l’esprit tranquille, elles acceptent qu’un petit comité puisse témoigner de son chasteté et de sa pureté. Depuis quelques années, les mœurs ont donc changés, et ces croyances tendent à disparaître progressivement.

Notes :

(1) Coran, Sourate de Marie, XIX
(2) Houris : Sourates et versets : XLIV, 54. LII, 20. LV, 70. LVI, 22-24. II, 25. III, 15. IV, 57. XXXVI, 56. XXXVII, 48 – 49. XXXXVIII, 52. LV, 56-58. LVI, 35-38. LXXVIII, 33.
Chebel Malek, Du désir, Payot et Rivage, Paris, 2000.
Chebel Malek, Le sujet en Islam, édition du Seuil, Mars 2002.
Chebel Malek, L’imaginaire arabo-musulman, PUF, Paris, 2002.
Chebel Malek, L’érotisme arabe, Robert Laffont, Paris, 2014.
Chebel Malek, L’inconscient de l’Islam : réflexion sur l’interdit, la faute et la
transgression, CNRS, Paris, 2015.
Chebel Malek, Désir et beauté en Islam, éditions du CNRS, Paris, 2016.

Bibliographie :

Chebel Malek :
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Désir et beauté en Islam, éditions du CNRS, Paris, 2016.

Bouhdiba Abdelwahab, La sexualité en Islam, PUF, 2003. Bourdieu Pierre, La transmission de l’héritage culturel, édition de Minuit, Paris, 1966.
Bourdieu Pierre, La domination masculine, Le seuil, 1998.
Dialmy Abdessamad, Sociologie de la sexualité arabo-musulmane, L’Harmattan,
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Fofana Mory, L’éducation sexuelle en Islam, L’Harmattan, 2014.
Gaudio Attilio et Pelletier Renée, Femmes d’Islam ou le sexe interdit, Denoël, Paris, 1981.